Témoignage : Le début de la faim - PARTIE 1/2

Témoignage : Le début de la faim - PARTIE 1/2

Témoignage : Le début de la faim - PARTIE 1/2

 

Témoignage TCA : PARTIE 1/2 - Samara

 

Il était une fois, une enfant épanouie, souriante et heureuse, qui croquait chaque instant de la vie à pleine dents... 

 

En l'apparence tout allait bien, elle pensait que sa vie était parfaitement lisse, sans faille apparente… Du moins, c'est ce qu'elle laissa paraître durant des années... Mes parents se sont séparés lorsque j'avais 3ans. J'ai grandi en vivant chez ma maman mais en voyant quand même tous les jours mon papa, car ils gardaient une très bonne relation. J’ai donc passé toute mon enfance avec l'attention exclusive de ma maman, qui ne vivait presque que pour moi... À l'école tout se passait bien, j'avais des amis, de très bonnes notes et je m'y sentais bien. Cependant un jour, lorsque j'étais en cm1, un garçon dans mon école est décédé, et ça a été un vrai traumatisme pour moi... Sur le moment je n'arrivais à rien extérioriser, mes émotions se bloquaient en moi, les autres parlaient, pleuraient, et moi, rien de tout ça. La veille encore je me souviens jouer aux billes avec lui, et le lendemain, il n'était plus là. Je compris que je ne le reverrai pas, et de là, j'ai eu très peur de la mort, peur de perdre ceux que j'aime, notamment, mes parents... C'est la que j'ai commencé à avoir des tas de tocs, qui m’étouffaient à longueur de temps, mais, j'ai tout caché, je ne voulais inquiéter personne. Et puis, j'avais peur que l' on me prenne pour "une folle"...  J'ai continué ma vie, j'ai grandi, gardant pour moi. Je ne soupçonnais pas, que plus tard, ils me retomberaient dessus tel une avalanche, une grande souffrance...  « Je vous assure, si il y a des choses en vous que vous essayez d'oublier, car vous pensez qu'elles sont mauvaises pour vous, ne les cachez plus. Ça ne fera que retarder le jour où tout ça vous retombera dessus, sans que vous l’ayez mérité. Parlez en, et guérissez en... Pour l'avoir vécu, croyez moi, c'est important... Je ne serais peut être pas tombée dans l'anorexie, si je n'avais pas été seule avec mes vécus, si j'avais eu des gens pour m'aider, m'aider à réagir...  »

 

Puis, j’ai eu 10ans. À cette époque j'étais tellement heureuse ! Mes parents s'étaient remis ensemble. Quelques mois plus tard ma mère tomba enceinte de mon petit frère, et en très peu de temps je suis passé d'une vie exclusive à 2 à une vie à 4... Heureuse bien sûr, mais aujourd'hui, je me rends compte que j'ai souffert d'avoir soudain "partagé" ma maman...  En parallèle, je suis rentrée au collège, une grosse claque. Dans la case "manque d'attention" c’est rajouté l'école : en primaire je connaissais tout le monde, alors que là, il fallait faire sa place, s'imposer ce qui est beaucoup plus dur au collège qu'en primaire, surtout lorsqu’on a pas trouvé sa personnalité et qu'on manque grandement de confiance en soi... Je n'ai jamais été "laissé de côté" ou moquée, mais j'ai pu ressentir un peu de mis à l'écart parfois (pas élue délégué, on a parfois pris ma place en classe, par rapport aux bonnes notes on me faisait parfois des réflexions...). À cette époque, on se compare beaucoup, on prête énormément d'attention à l'image, et moi, je n'étais pas du tout là dedans, je voulais juste profiter de la vie... 5e, je me retrouve dans une classe où je ne connais presque personne et où tout le monde se connait Les filles avec lesquelles je me retrouve s'amusent à classer les corps "les plus beaux de la classes" et se regarder encore et encore...

 

C'était en 2016-2017... Mai 2017: "le début de la faim" En sport, le prof nous annonce qu'on va faire de la lutte au prochain cycle et qu'on sera par groupe de poids pour se retrouver avec  des élèves de même gabarit. L’angoisse. Je ne peux pas dire mon poids, il est plus élevé que celui des autres ! Je prends cette décision : "?? ???? ?????? ?? ????? ????? ?? ????????? ?? ?????". Et là le « régime » a commencé.  Le « je perds juste quelques kg et après j’arrête » Au début c’était dur car j’étais hyper gourmande. Alors supprimer le goûter, bannir tous les produits non « healthy », surtout le sucré, n’a pas été facile au début… puis j’ai pris l’habitude, réduit les portions...à côté, je faisais beaucoup de sport. Je faisais de l’athlétisme depuis mes 6ans, et j’étais plutôt douée, j’adore ce sport et je m’y plaisais vraiment... mes entraîneurs m’avaient rajouté des entraînements (assez intensifs!). Je faisais beaucoup de sport avec l’athlétisme et à côté en cachette...désormais, c’était sans plaisir... À côté de ça,  j’étais très investie dans beaucoup de choses : le collège ( travail + déléguée d’à peu près tous les trucs où on peut être -> cvl, conseil administration, classe...), je faisais des cours d’arabe, plus d’autres intérêts à côté, qui, une fois tout ça cumulé ne me laissait plus de temps pour me reposer... En plus de tout ça, mon alimentation et mon poids continuaient de baisser...  Janvier 2018, je suis épuisée, je n’arrive plus à suivre tous les entraînements d’athlétisme, mes performances baissent, un gros coup dur qui va encore plus m’enfoncer. Ce même mois, mon chat que j’ai depuis bébé meurt ce qui est très dur pour moi. Mon groupe d’ami se sépare, l’ambiance n’est plus aussi bonne... 3 mois plus tard, le garçon avec qui je sortais depuis un an me quitte. Il dit que notre relation n’est plus pareil...évidemment... je m’étais renfermée... ça m’a fait mal, je l’aimais encore.  Les réflexions sur ma perte de poids deviennent nombreuses.  « c’est tout ce qui me reste, perdre du poids, c’est la seul chose dont je suis satisfaite et qui me fait tenir bon » Mes parents n’avaient pas vu, ou du moins, n’avaient pas voulu voir...  Été 2018, premier rdv avec mon médecin concernant ma perte de poids.  C’est la qu’on commence à entendre parler « d’anorexie ». Fin septembre , ma maman m’amena au urgence sous conseil de mon médecin pour cause de malaises répétés...Inutile de vous dire que c’était parce que je ne mangeais pas assez... et là, le vrai diagnostic est posé. « Votre fille est atteinte d’anorexie mental ». Ce fut un peu comme tomber au fin fond d’un gouffre, « ça n’arrive qu’aux autre »...et non... moi aussi...

 

Depuis ce diagnostic, j’ai l’impression que je me suis laissée encore plus aller : j’étais malade (même si je ne l’acceptais pas encore) alors je devais répondre à cette position de « malade ». Ce fut aussi un soulagement. Un soulagement d’être comprise, que mon mal-être, mes comportements, aient un sens.  Ce fut donc un bouffé d’oxygène, avant de sombrer dans un gouffre dont je n’imaginais pas un seul instant la difficulté que j’aurais pour en sortir... Décembre 2018, 1er hospitalisation. Ce fut dur de me retrouver là bas. Mais je me suis battue, et je suis sortie, -un peu trop tôt- 1mois et demi plus tard... Les quelques jours voir semaines qui suivirent ma sortie, je faisais plein d’efforts. J’arrivais à prendre les compléments alimentaires qu’on m’avait prescrit... Mais rapidement , j’ai commencé à reperdre du poids, et le mardi 21 mai 2019, mon médecin, après de nombreuses menaces, décide de me faire hospitaliser en urgence. Cette fois ci, je rentre avec un poids beaucoup plus bas qu’à ma première hospitalisation, une température et tension dans les chaussettes.  Que m’arrive t-il ?  Je me sens extrêmement fatiguée. Comme si arriver à l’hôpital me laissait me relâcher, sans cacher l’état dans lequel je me trouvais. On m’instaure rapidement le fameux « contrat » avec visite 1fois/semaine (extrêmement dur pour moi car je suis très proche de ma famille), déplacements en fauteuil, et sonde naso gastrique.

 

Au bout de 3jours, on me posa la sonde. Je me souviens de me poser un tas de questions comme : “comment j’allais me laver le visage ou me moucher ?! “ C’était le début d’un long périple, cette sonde, je n’aurais pas pensé la garder presque 1an...  

 

La suite dans le deuxième témoignage :) 

 

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