Les "FEAR FOOD" (peurs alimentaires)

par Céline Casse

 

Dans nos sociétés industrialisées et consuméristes, la nourriture coule à flot. En effet, les supermarchés, boulangeries, supérettes et divers fast foods sont indénombrables et cela est représentatif de l'idéologie énergivore et dévorante. Les peuples se nourrissent de plusieurs types d'aliments, la culture étant un facteur majeur, la santé et l'état physique des individus varient d'un territoire à un autre. Mais, cette surconsommation, majoritairement émanante des pays privilégies comme les États-Unis et les pays européens, peut faire résulter des relations troubles et toxiques avec la nourriture : des troubles du comportement alimentaire et des "fear food" (peurs alimentaires). 

 

 

Les "fear foods", cette expression peut sembler curieuse et surtout énigmatique tant elle est "novatrice". Les fear foods sont liés aux troubles du comportement alimentaire (TCA) et sont notamment récurrents dans les troubles restrictifs comme l'anorexie mais pas que. Cette situation peut aussi être présente  chez des personnes souffrant de troubles hyperphagiques et/ou boulimiques.

 

En somme, les trigger food sont des éléments déclencheurs pour la personne souffrant de TCA, celle-ci, lorsqu'elle voit l'aliment peut être en proie à des pulsions alimentaires et faire une crise, qui sera suivie d'une compensation dans le cas de la boulimie et d'un état de mal-être, voire même de nausées. 

 

Mais, en ce qui concerne les fear food, on ne parle pas d'aliments qui seront consommés mais plutôt d'aliments craints, certains aliments vont littéralement provoquer un sentiment de malaise ou des crises de panique, des angoisses chez celui-celle qui souffre de TCA. Celles qui ont peur de ces aliments, qui les rejettent et les bannissent de leur alimentation le font souvent pour des raisons caloriques. En effet, les fear food sont, généralement, liées aux composantes nutritives de celui-ci. Plus un aliment sera gras, salé ou sucré et plus il sera craint par une majorité des patients, les stéréotypes de gain de poids étant accolés à ces aliments. La personne cherche à éviter la prise de poids et va éviter les d'aliments considérés comme "dangereux".  

 

Dans ces aliments, on retrouve des plats ultra-transformés et congelés, mais aussi les pizzas, les pâtes, les pâtisseries  (donuts, gâteaux, croissants etc.), la glace, les burgers et la star des fear foods : les frites. La peur autour des frites, de la pomme de terre en général, est courante et on prête des méfaits à cet aliment qui pourtant est méconnu. Ce féculent est riche en potassium, en magnésium, en cuivre, en fer et en zinc, les apports nutritifs de la pomme de terre sont excellents et couvre les besoins journaliers de chacun. 

 

Seulement, l'image de ce féculent a été terni via également sa récurrence dans les menus des fast-foods. Les fear food sont nocifs pour la personne seulement si elle en abuse et base son alimentation seulement sur ces aliments majoritairement gras et riches. S'ils sont consommés régulièrement, sans culpabilité et surtout dans des proportions normatives, il n'y a aucun souci à manger ces aliments.

 

Au contraire, les aliments qui effraient sont une aubaine pour la concentration et surtout la santé mentale. Manger des aliments dits interdits procure un réel plaisir et des nutriments nécessaires à la réflexion, concentration et surtout à l'application dans les gestes du quotidien, dans son travail. En somme, ces fear foods sont associés au plaisir, la nourriture chez les personnes souffrant de TCA est souvent au centre du malheur ou du bien-être momentané alors que la nourriture ne doit pas être ce qui régit une vie. 

 

La nourriture est l'essence qui maintient le corps, la machine, en vie mais cela ne doit pas être une obsession. Et, ces fear food diabolisent des types d'aliments qui sont, certes, gras, sucrés ou salés mais qui maintiennent l'être humain en vie, est un moteur et permet les capacités cognitives de l'individu. 

 

Les patients souffrant de TCA voit ces fear foods comme des ennemis, comme des éléments saboteurs de leur progression, qui en fait n'en est pas une. 

 

C'est pourquoi il est crucial d'entamer un processus de guérison en alliant suivi psychologique, diététique (afin de cerner les bénéfices de chaque produit consommé, même ceux qui sont décriés sur les réseaux sociaux ou à la télévision) ... En somme, un il est important d'être accompagné.e de maniére pluridisciplinaire. 

 

Les réseaux sociaux sont énormément coupables des calomnies et dénonciations faussées sur les fear foods.  En effet, chaque utilisateur sur la plateforme témoigne en son nom, il suffit qu'un individu, une personnalité publique, dénonce un aliment qu'il qualifie comme trop gras ou responsable d'une prise de poids, et cela va influencer ceux qui sont abonnés et sensibles aux paroles de personnes qui ont un pouvoir de parole. 

 

Aussi, les nombreux influenceurs et influenceuses aux corps dits parfaits et socialement désirables vont impacter leur audience. Leur ventre plat, leurs fesses galbées, leur mâchoire sculptée et leurs bras fermes et toniques vont être un objet de désir pour la personne qui perçoit le physique en question. Si l'influenceur ou l'influenceuse arbore fièrement ses attributs physiques, le public voudra obtenir ces mêmes critères et cela, dans l'esprit commun, passe par un amaigrissement, un régime draconien où tous les aliments gras vont être salis et délaissés. Parfois, les personnalités publiques sur les réseaux sociaux partagent leurs menus et leur "diet" comme ils l'annoncent, cela est d'une part personnel et d'une autre part dangereux car les besoins varient en fonction des individus, de leur taille, leur sexe etc.  Les personnes vont se restreindre, développer des craintes et des fear foods. 

 

Parfois même, des aliments innocents et plébiscités par d'autres vont être éliminés par ces personnes. Par exemple, la banane est un fruit énergétique aux vitamines intéressantes. Elle contient du magnésium et du potassium. Elle est efficace pour diminuer les crampes, favoriser la récupération musculaire et limiter la fatigue. La banane est un fruit, donc est exclue des fear food de moultes personnes. Cependant, de nombreux bloggueurs ou articles vont décrédibiliser ce fruit lui prêtant une sucrosité trop élevée. Selon certains, ce fruit n'est pas souhaitable dans une alimentation à visée amincissante. Ce sont des croyances populaires, des clichés et certaines fear food sont vivifiés par ces avis divergents, qui ne sont jamais outil de consensus. Chacun donne son avis et des contradictions sont inévitables mais le négatif l'emporte souvent. La banane a donc une image entachée, calorique et inconsommable au quotidien. Des personnes vont avoir ce fruit dans leur liste des aliments interdits et vont l'exclure de toute consommation en pensant qu'il freinerait une perte de poids ou va être source d'une prise de poids. 

 

Ce qui est important à retenir est le caractère personnel des fear foods, même si certains fear foods semblent surprenantes voire même hyperbolées et ridicules, il n'en est rien. 

 

Les TCA sont des maladies complexes où la santé mentale est constamment mise à l'épreuve. La manière de réfléchir de chacun n'est pas compréhensible pour les autres, donc faire culpabiliser ceux qui en souffrent n'est pas permis. Les fear foods sont presque intimes et l'exposition à ceux-ci peuvent plonger les personnes souffrant de troubles alimentaires dans un état de stress intense et de mal être pesant. Le chemin de la guérison, même s'il n'est pas toujours facile, a pour but de dédiaboliser la nourriture.

 

Après un régime strict, la reprise de poids est normale et la personne doit apprendre à comprendre cette reprise de poids et à progressivement intégrer les aliments qui lui font peur. Se focaliser sur la sensation, le goût agréable, la texture, l'après guérison, la régulation de son alimentation, sans tanguer vers les extrêmes sont des "aspcets" de base qui pourront aider à garder le cap. 

 

En somme, les troubles du comportement alimentaire sont très difficiles à cerner totalement tant chacun le gère à sa manière. Mais les réseaux sociaux comme Instagram, TikTok, Twitter etc., les médias, ont perverti la relation avec des aliments qui sont bons. Il va de soi qu'il ne faut pas être dans l'exagération mais la restriction est source de défaillance au niveau de la santé (mentale et physique), de compulsions alimentaires, d'un mental qui régresse, voire même de dépression.

 

 

La guérison est urgente et demander de l'aide est un premier pas.

 

 

Katérina Peralta

 

 

 

 

 

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