L'anorexie : cette amie que je dois quitter

L'anorexie : cette amie que je dois quitter

L'anorexie : cette amie que je dois quitter

 

 

Bonjour,

 

je m’appelle Karine et j’ai 22 ans.

J’ose moi aussi me lancer à mon tour aujourd’hui suite à la lecture de vos témoignages. Vous avez eu tellement de courage de vous mettre à nu, de parler sans détour que je souhaite à mon tour le faire. Et puis je me rends compte que ces quelques mots peuvent accompagner les autres. 

 

Je souffre d’anorexie depuis 6 ans. Et depuis toute petite, je fais de la danse classique. Je souhaite d’ailleurs en faire mon métier mais avec mes problématiques de santé je suis en plein doute. 

 

La danse est plus qu’une passion. C’est un art qui est ancré en moi. Je mange, je dors, je vis danse classique. Cependant, cette pratique m’a énormément desservit. 

 

Si je dois être totalement transparente, je me suis perdue dans cette performance. Aplomb, performance, rigueur, perfection… sont des mots indissociables de cette pratique. 

 

Ma famille est déjà très à cheval  (trop à cheval) sur l’alimentation. Je me souviens même que quand j’étais plus jeune je me cachais pour manger du chocolat car c’est le genre d’aliment interdit à la maison. Du coup le climat n’est déjà pas très serein à ne niveau là. 

 

A la maison je dois être la fille parfaite. Et ça peut sembler bizarre, mais même si ça m’apporte beaucoup de stress, j’aime bien avoir ce rôle.

 

Avec du recul, je me rends compte qu’il y a déjà de grosses problématiques dans ma famille qui ont peut être créé mes troubles mais qui pour sûr les entretiennent.

 

Et puis la danse n’a rien arrangé. C’est d’ailleurs un sujet un peu tabou avec les filles du cours. Du moins, la maladie est un sujet tabou. Je ne suis pas la seule à être très fine, à vouloir constamment perdre du poids… Par exemple, hier l’une d’elles à dit qu’elle était heureuse car elle avait passé 4 jours à ne boire que des soupes et elle avait perdue du poids et pris du muscle. Et là aussi ça a été un nouveau signal d’alerte pour moi. 

 

J’ai envie d’aller parler à notre professeure mais j’ai peur qu’elle me rie au nez en me disant qu’il faut faire des sacrifices pour faire partie des meilleures. 

 

Aujourd’hui je suis en plein doute. Ma maladie me détruit à petit feu et j’en suis de plus en plus consciente mais comment faire pour me sortir de cet engrenage quand tout mon univers est construit autour de cela ? 

 

22 ans c’est quand même jeune. Et j’ai encore toute la vie devant moi. Je pense de plus en plus qu’il faut que je m’en sorte.J’ai le corps d’une adolescente de 12 ans, je perds mes cheveux, j’ai des problèmes de mémoire … bref je vois que la maladie prend trop de moi et trop de ma vie. 

 

Je pense être dans une transition et je vais tout faire pour aller de l’avant. Je sais aussi que je ne vais pas m’en sortir du jour au lendemain et que la maladie va vouloir me garder à ses côtés, mais il est temps que je prenne ma propre route. 

 

C’est étrange pour moi de partager ça avec vous. Car je mets des mots sur mes maux et je me prête rarement à ça.

 

Je suis désolée, j’aurais adoré écrire un témoignage plus positif mais je me dis qu’il est aussi important de mettre en avant nos doutes, nos combats, et de parler de cette période de transition qui est normal et même capitale ( du moins c’est la mienne). Voici mon cheminement. 

 

 

J’espère que vous trouverez vous aussi le votre.Courage les filles ( et les garçons  ), on va s’en sortir. Je crois en moi et en l’avenir. COURAGE ET ESPOIR. 

 

 

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