Témoignage : Ma spirale infernale

Témoignage : Ma spirale infernale

Témoignage : Ma spirale infernale

 

 

TRIGGER WARMING : Le témoignage peut être destabilisant 

 

 

Bonjour,

 

Je remercie d’avance toutes celles et ceux qui prendrons quelques minutes d’attention pour lire mon témoignage.

 

 

Je me présente : 

Je m’appelle Pauline, j’ai 19 ans et je suis l’ainée d’une famille de 4 enfants. Je suis actuellement en 1ère année d’études de BTS Notariat. Je compte à l’issue de l’obtention de mon diplôme intégrer une licence professionnelle.

J’ai la chance en tant qu’étudiante d’être toujours chez mes parents et de profiter ainsi de tout le confort moderne.

 

Fin octobre – début novembre 2019, mes habitudes alimentaires ont été totalement bouleversés. La fin de l’année 2019 a été très particulière pour moi car avec le changement de travail de mon Papa (beaucoup de déplacements), Parcoursup, la perspective d’un baccalauréat à passer en fin d’année, le début d’un nouveau contexte sanitaire mes habitudes ont été pour le moins bien modifiées.

Avec les jours, les mois qui ont défilé, je suis pas à pas tombée dans « une spirale infernale » qui m’a fait perdre tout le peu d’amour et d’estime que j’avais pour moi.

Lors de mon année de terminale, les déjeuners étaient pris à la cantine et les repas du soir étaient partagés avec mes trois frères et mes parents. Le matin, je ne mangeais rien, je n’avais pas faim ou plutôt…je n’avais plus faim…

 

A la cantine, j’ai commencé par supprimer le dessert, puis j’ai continué par ne plus manger de viande, de poisson, d’entrée… pour ne finir que par manger une petite assiette de légumes… J’ai également développé la potomanie, c’est-à-dire que je buvais des litres et des litres d’eau par jours pour me remplir l’estomac. Avec le temps je ne comprends toujours pas pourquoi les restaurateurs de la cantine ne me disaient rien et me laissaient retourner en cours avec seulement 100 grammes de haricots dans le ventre… Le soir, quand je rentrais à la maison, je me ruais vers la salle de bain pour me peser pour voir si j’avais perdu beaucoup de poids. J’évitais à tout prix les dîners entre amies, les sorties au restaurant, je calculais les moindres calories que je mangeais. Si je dépassais la barre des 500 calories c’était la panique totale ! A cette période, je n’avais pas encore conscience du sentier arpenté que je commençais à dévaler…

 

Et puis… il y a eu Noël, mes parents, mon entourage commençaient à me demander si j’allais bien, si c’était normal que je perde du poids, que j’étais un peu trop maigre… Je les rassuraient bien-sûr en leur disant que tout allait bien, que je faisais beaucoup de sport et que je faisais attention à mon alimentation… fadaises… fadaises… Je faisais 53 kilos en décembre. J’ai perdu 10 kilos en à peine 2 mois.

 

21 janvier 2020… mon anniversaire : année de mes 18 ans. Ce jour-là, les larmes ont coulé à l’idée de devoir manger un repas festif et d’être au centre de toutes les attentions. J’ai compris que j’avais un problème, que ce n’était pas normal, car on ne pleure pas le jour de son anniversaire et encore moins le jour de ses 18 ans !

J’ai alors essayé quelques jours après d’en parler à ma Maman mais en vain… « Mais non… tu dois être un peu fatiguée… », « coup de blues… », « prends des vitamines… » A vrai dire, je n’avais pas encore le corps totalement décharné et au lieu de prendre mon petit-déjeuner, je passais mon temps à réfléchir comment m’habiller pour cacher ma maigreur. 

Je perdais mes cheveux et j’étais sans cesse fatiguée. Je n’ai plus mes règles depuis décembre 2019. 

 

 

En mars, à l’annonce du premier confinement, cela a été la chute totale. Je paniquais à l’idée de devoir manger tous mes repas sous les regards de toute ma famille, de ne plus pouvoir sauter de repas excepté le petit-déjeuner. A cette période, les larmes n’ont cessé de couler. 

Mes parents voyaient que je n’allais pas bien mais ils n’ont jamais osé prononcer le mot « anorexie ». J’ai alors à plusieurs reprises essayé de leur lancer un signal de détresse. Mes parents ont souhaité à ce que je prenne rendez-vous chez le médecin pour faire un bilan de santé, pour voir si j’avais quelques carences. Le médecin m’a alors demandé de monter sur la balance. Verdict : 47 kilos. Pas de carences mais le médecin a tenu à ce que je le revois deux semaines plus tard pour vérifier que mon poids reste stable. Il a évoqué l’hospitalisation en m’informant que si je perdais encore quelques grammes se serait direction l’hôpital.  Deuxième rendez-vous, deuxième pesée : 46 kilos… oui mais 46 kilos avec les poches remplies de cailloux et d’objets lourds pour fausser mon poids car juste avant d’être allée à cette consultation je m’étais pesée et le poids affiché était de 44 kilos… Je n’allais pas bien du tout physiquement et surtout psychologiquement. 

 

Et puis du jour au lendemain, il y a eu le déclic, l’envie de reprendre le dessus, de reprendre des forces. J’ai alors eu de grosses compulsions alimentaires qui m’ont fait remontée à 51 kilos… je me détestais, je n’aimais pas mon corps avec ces quelques kilos en plus mais ces kilos étaient des kilos de vie. Il y a eu l’été, j’ai appris grâce à ma famille à reprendre goût à la vie. Je faisais beaucoup de vélo pour reprendre le muscle que j’avais perdu. Petit à petit je remangeais comment avant, c’est-à-dire normalement. Mais au retour des vacances catastrophe !! Pesée 58 kilos. J’étais en pleurs. Mes parents m’ont rassurée, m’ont aidée à dédramatiser et en à peine 4 semaines je suis redescendue à 53 kilos. Aux vacances de la Toussaint 2020, j’ai eu de nouvelles crises de compulsion alimentaire. C’est à ce moment-là que j’ai développé la boulimie-vomitive…horreur…Mes crises survenaient à peu près 1 fois par semaine. Une sensation d’apaisement, de légèreté mais un grand danger pour mon estomac, ma gorge ! Je restais cachée, j’avais honte, tellement honte de moi. Ma maman voyait que quelque chose n’allait pas et à vite compris mon stratagème mis en place après chaque repas. Lorsqu’elle l’a découvert j’avais encore plus honte. Elle m’a fait promettre de ne plus recommencer. Depuis, je n’ai plus de compensation par les vomissements. Après mes crises je compense aussitôt par le biais de sport intensif, par le jeûne. 

 

 

Actuellement, je pèse 55 kilos, soit 2 kilos au-dessus de mon poids de santé. Je vais mieux mais j’ai encore beaucoup de mal à m’accepter. Je garde toujours cette envie de perdre du poids, de ressentir un état de faiblesse, d’avoir froid en permanence…

Après avoir eu une mauvaise expérience avec une psychologue, depuis 2 semaines je consulte une sophrologue vers qui m’a diététicienne m’a orientée. J’apprécie beaucoup les séances et j’en ressens beaucoup de bienfaits !! Grâce à la sophrologie, j’apprends à sentir mon corps, à écouter mon souffle, me sentir vivre !

 

Je vous partage une citation d’Albert Einstein que j’aime beaucoup :

« La vie c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre

Je tenais à témoigner car pour moi il est important voire primordial de rompre le silence qui ronge et qui tourmente lorsqu’on ne va pas bien. Les troubles du comportement alimentaire sont un sujet tabou et qui reste un mystère pour beaucoup c’est pourquoi, je pense qu’il est important de témoigner.

 

*Ironie du sort : Lorsque j’étais en 3ème, j’avais visionné un film sur l’anorexie dans lequel on voyait une fille qui perdait beaucoup de poids par le jeûne, les vomissements et le sport. Je m’étais dit à cette époque : « Jamais je ne ferais comme cette fille, jamais je ne deviendrais anorexique… » … « il ne faut jamais dire fontaine je ne boirai pas de ton eau » …

 

 

 

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