Témoignage : Mon parcours et mes ressentis sur les tca et les hospitalisations

Témoignage : Mon parcours et mes ressentis sur les tca et les hospitalisations

Témoignage : Mon parcours et mes ressentis sur les tca et les hospitalisations

 

 

Dans ce témoignage, Océane exprime sans détour, sa détresse, son mal être... Certains passages sont très forts et peuvent destabiliser certaines personnes. Merci Océane d'avoir eu le courage et la force de rédiger ce témoignage lourd de sens. 

 

Mon parcours et mes TCA


Tout a commencé en juillet 2018. Fin de 3ème et donc fin de collège…Le collège a était très dur car en 6ème j’ai perdu ma mamie (la mère de ma mère), celle avec qui j’étais fort proche. Je me suis faite harceler et je n’ai pas voulu en parler par peur donc j’ai commencé à me faire du mal…La mutilation était devenue mon seul apaisement et je me disais que de toute façon je ne méritais que ça. 4ème et 3ème ça allait mieux niveau harcèlement mais le manque de ma grand-mère et mon envie de la rejoindre était envahissant alors j’ai continué par tous les moyens de me faire du mal…  J’allais en septembre 2018 reprendre la danse moderne. Je souffrais beaucoup et mon deuil n’était toujours pas fait (comme une plaie ouverte jamais refermée, jamais cicatrisée) …J’ai commencé à regarder des reportages sur les Miss et je voulais être à la mode car ont m’a toujours dit que je ne savais pas m’habiller et que je n’étais pas à la « mode ». Il y avait que des filles très maigres…Je les trouvais tellement belles et je voulais absolument leur ressembler.

 

C’est là que tout a commencé. Une chute libre m’attendait…

 

J’ai commencé à trainer sur des sites pas très encourageants, avec des filles qui réduisaient leurs quantités d’aliments et faisaient du sport de manière excessive. Je me disais “si je veux être belle et comme elles ; alors je dois suivre tout comme elles.” Fin juin et début juillet 2018 j’ai commencé à voir le résultat…J’ai perdu près de 5kg en même pas 1 mois. Un soir, une copine à ma mère est arrivée et au fil de la soirée elle a réussi à me faire parler devant ma mère.  La délivrance après tant d’années de souffrance au collège … !!!  On a pris rendez-vous au CMP pour enfants et ados ( à cette époque, je suis âgée de 15ans). Premier rendez-vous pour moi le 5 juillet (le jour de l’anniversaire de ma maman). Au fil des rendez-vous là-bas, la psychologue a fini par remarquer que ma perte de poids et mon état physique et psychologique ne suivaient plus… Décembre 2018, la psychologue tellement inquiète, téléphone à ma mère pour lui dire de me ramener aux urgences pédiatriques le plus vite possible…  Je partais alors en hospitalisation pour 2 semaines. Je suis sortie le 22 (le jour de mon anniversaire). Pendant cette hospitalisation mes repas était catastrophiques et mon IMC de plus en plus faible. Il ont alors décidé de me mettre une sonde naso-gastrique.  Mais c’est quoi une sonde naso-gastrique ? Un genre de petit tuyau qui passe part ma narine et va jusqu’à mon estomac, et qui, une fois relié à la « pompe nutritive » va me nourrir et m’apporter des calories ? J’ai pas eu le choix et pendant 1 heure (avant la pose de sonde) je pleurais dans tout le service…La sonde m’a fait tellement mal et elles ont du me tenir à 5 infirmières.   J’ai commencé à re-manger le 20 et 21 décembre pour pas faire mon anniversaire et les fêtes enfermée. Je savais que derrière je ne remangerais plus…J’ai pas vraiment eu de diagnostique et le service de pédiatrie ne comprenait pas pourquoi je mangeais ne plus. J’ai fait plusieurs tentatives de suicide ce qui fait que j’ai attéri en psychiatrie adultes. Un enfer !!! Je suis restée 2 ou 3 semaines et je suis rentrée.  Après ça, j’ai de nouveau été hospitalisée dans un service TCA. Je suis restée 2 mois et je suis partie contre avis médicale avec accord de mes parents (car je suis mineure). Les repas, je les prenais à l’étage avec un soignant et j’avais pas le droit d’avoir mon téléphone, je ne pouvais pas recevoir de visites, par sortir… J’y suis ensuite retournée en Juin et ce jusqu’en août 2019. 

 

Fin août, on me trouve une unité psy qui va de 16 à 25 ans. C’est à Lille à la clinique Lautréamont. Je suis restée là bas jusqu’à octobre. Ensuite, on m’a transféré à Calais car je faisais beaucoup de tentatives de suicide et j’étais tellement mal que les soignants avaient du mal à gérer la situation. Dans cette clinique, les soignants m’ont remis la sonde naso-gastrique pendant toute la durée de mon hospitalisation. Heureusement que j’avais un bon suivi psy derrière.  Me voici sur Calais et enfermée dans une chambre d’isolement sans voir la lumière du jour… On me traitait comme un animal !

 

Les TCA ont vraiment du mal à être compris.  Et puis, le temps de 5 jours, je vais dans une unité pour adolescents. Je passais ma journée dans une petite pièce, puis après le repas on me re enfermait dans la pièce dans laquelle il y avait un lit, sans drap ni couverture, et où j’avais le droit qu’a un plaid et un oreiller avec mon doudou et ma tétine. (Oui depuis le décès de ma mamie je prends une tétine). Je suis en blouse et sans chaussures, j’ai tellement froid alors je me mets en boule pour essayer d’avoir plus chaud… Après ça, on m’a transféré dans ma ville, en psychiatrie adulte. Je ne reste qu’un 1 semaine et demande à sortir contre avis médicale avec l’aide de ma maman et mon papa car je juge que je vais mieux ! Décembre 2019, le 16 (le jour de l’anniversaire de mon papa), et peu de temps avant mes 17ans, je vais au lycée avec l’intention de mourir - je prends avec moi une boite de médicaments…Pendant la pause de midi je les avale et après je me rappelle que je suis arrivée en classe avec l’aide de mes copines et que la professeur a dû me maintenir éveillée. Un autre professeur a appelé la vie scolaire et un surveillant et venu me chercher et a appelé ma mère. Tout ce que je raconte on me l’a expliqué le lendemain à mon réveil car plus aucun souvenir. Je passe la nuit en surveillance aux urgences et mon pronostic vital est engagé, mes constantes sont mauvaises, je suis dans un genre de coma jusqu’au lendemain matin. Je me suis réveillée, branchée de partout et je ne comprenais pas trop ce qui m’était  arrivée. Mon père est alors arrivé avec une infirmière et ils m’ont expliqué. Je pleurais, encore et encore. J’avais peur pour la suite car je ne voulais pas retourner en psychiatrie.
 

 

Finalement, j’y suis retournée quelques jours. Depuis, je suis suivie en addictologie au service TCA dans lequel je suis entourée de ma psychologue, ma médecin nutritionniste et de ma diététicienne.  Année 2020: je sais que j’ai un gros travail à faire sur moi même !  Je suis actuellement sous sonde-nasogastrique à domicile depuis le 10 juin 2020. Et depuis 1 semaine, ma nutritionniste de l’hôpital m’a interdit de retourner en cours car elle juge mon état trop faible… J’ai beaucoup évolué et pris conscience de plein de choses pendant cette année 2020.  Les TCA font beaucoup de dégâts à n’importe quel âge et je me dis à l’heure d’aujourd’hui que je gâche les plus belles années de ma vie: mon adolescence - parce que j’ai voulu ressembler aux filles qui sont mannequins  . Alors que finalement, sans le savoir elles sont pour là plupart toutes malheureuses et doivent se mettre en restriction alimentaire pour rentrée dans leurs tenues.  Pourquoi se gâcher la vie à ne pas manger alors que c’est un besoin naturel et surtout vital !?!? Pourquoi se gâcher la vie à vouloir ressembler à des filles maigres ? Pour le bien de la société ou aussi pour attirer l’attention de nos proches ?!?  Tout le monde nous aime tels que nous sommes !  Le chiffre sur la balance ne définit en rien la merveilleuse personne qui sommeille en nous et nous avons toutes et tous des qualités et des défauts, peu importe notre corpulence,  et nous serons toujours aimé. Car avant la maladie, nous étions déjà aimé ! Alors pourquoi penser que cela peut changer !? Nous sommes toutes différentes et belles aux yeux de quelqu’un car nous n’avons pas les mêmes visions des choses, ni les mêmes goûts !  Toutes belles et uniques à notre façon ! Je suis certes pas encore guérie mais je me bats avec/contre moi-même et fait tout mon possible en augmentant les quantités petit à petit et en faisant moins de sport. Mes proches, et surtout une personne en particulier m’aide et me fait ouvrir les yeux. Je la remercie énormément pour tout ce qu’elle fait pour moi et pour ses conseils si précieux. Je remercie le personnel à qui j’apprends à faire confiance chaque jour, et mon combat continue car il ne faut jamais rien lâcher et les coups de mou ça arrive.  J’espère, dans pas longtemps, vous dire que mon séjour l’hôpital de jour qui commence le 14 décembre se passe à merveille . Je vais également célébrer mes 18 ans là bas. Et oui, 3ème année anniversaire à l’hôpital.  Mais avec du recul, je me dis ce n’est pas grave. Car c’est pour mon moi, mon futur, pour étre en bonne santé.  En janvier 2020, je commence les hospitalisations séquentielles à Lille.

 

Je vais enfin me concentrer sur moi pour cette nouvelle année qui arrive et prendre soin de moi pour me sortir de tout ça, et prouver que l’on peut toutes se sortir de ce cercle vicieux avec de la volonté et du soutien. 

 

 

Battez-vous ! Vous êtes fortes.

 

Bisous les battantes.
 

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