J’ai réussi à aller mieux ! N’abandonnez pas !

par Céline Casse

 

 

Bonjour, 

 

Je m’appelle Ana et j’ai 26 ans.

 

Aujourd’hui je suis là pour vous faire part de mon témoignage.

Je souhaite témoigner en anonyme car j’ai quand même honte de ce qui s’est passé et j’aurais du porter plainte. Donc s’il vous plait, ne me jugez pas.

 

 

Cela fait un an que je vais beaucoup mieux. J’ai souffert d’anorexie et de boulimie pendant 6 ans. Les trois premières années j’étais dans le déni et je ne voulais pas me faire aider. Mais, quand j’ai commencé à voir que mes dents se déchaussaient… j’ai vraiment pris peur. 

Mon monde était déjà noir mais là je rentrais dans une autre spirale.

(J’ai très vite habitée seule du coup mes parents ne se sont aperçus de rien.Et je n’habitais pas à côté de chez eux.  En même temps je ne voulais pas qu’ils le sachent. J’étais donc seule dans mes troubles. )

Novembre 2016, Je me souviens encore de ce moment. J’étais chez le dentiste car j’avais une drôle de sensation avec mes dents. Je veux dire que j’avais vu qu’il y avait vraiment un gros problème ( j’étais à 1000 lieux de penser que ça pouvait être lié à mes vomissements, au contenu acide de l’estomac qui remonte dans la bouche …) Avant ça, je n’allais pas trop chez le dentiste car je ne pensais pas avoir de problème à ce niveau là.

 

Pour savoir d’ou venait le problème, il m’a posé des questions. Remplie de honte et de gène je n’avais pas osée lui dire ce qu’il se passait. Mais j’avais compris, vu ce qu’il me disait, que c’était à cause de ça. 

Malheureusement et heureusement ( vous le comprendrez par la suite ) j’ai du y retourner quelques jours après, car j’avais perdu une dent. Ce fut le pompon. J’ai vite repris rendez-vous. Comprenant ma détresse, il a rapidement trouvé une place. Je crois qu’il avait déjà compris la situation la fois où il m’avait vu. 

 

 

A peine je lui avais dit bonjour, j’étais déjà en pleure. Je prenais de plus en plus conscience que j’étais au fond de la maladie . Elle détruisait aussi bien ma tête que mon corps. J’étais tellement mal que je tenais à peine sur mes jambes. Durant ce rendez-vous, je me suis ouverte.  J’ai vraiment eu de la chance de tomber sur lui. Il m’a écouté avec bienveillance, attention et m’a recommandé des professionnels si besoin. Il avait même partagé une expérience personnelle. Sa fille avait souffert de Troubles alimentaires. C’est peut être pour cela qu’il me comprenait.  Je ne le remercierai jamais assez. Il fit aussi partie de mon déclic. C’est la première fois que je parlais à quelqu’un de mes problèmes. Je suis consciente d’avoir eu de la chance d’être tombée sur lui. 

Quelques jours après, j’ai appelé le numéro de la psychologue qu’il m’avait donné. Malheureusement, elle n’avait plus de place dans l’immédiat.   J’ai donc regardé sur internet pour prendre un rendez-vous avec une psychologue qui pouvait m’aider. J’avais peur mais j’étais excitée à l’idée de commencer. Bref c’était un tourbillon d’émotions. J’ai pris rdv avec un psychologue  ( que nous allons appeler Monsieur Ross ) qui m’inspirait confiance et qui était pas trop loin de la maison. 

 

La première session s’était très bien passée. Puis la deuxième, la troisième… Ca me faisait du bien de parler. Mais, je sentais qu’il y avait quelque chose de bizarre. Il m’a très vite proposé d’aller manger au restaurant avec lui le soir après la consultation. Il m’avait aussi proposé de faire la consultation chez lui.… Je le sentais aussi très intrusif dans ma vie. Même trop.  Maintenant, avec du recul je me dis que j’aurais du lui donner une gifle et partir en courant. Mais à cette époque, j’avais besoin d’aide, j’étais prête à recevoir de l’aide , je n’avais personne d’autre à qui parler. Bref j’étais sous son emprise. En plus, je ne sais même pas si j’allais mieux en prenant rendez-vous avec lui. C’est bizarre. J’étais malade, j’en étais consciente. J’allais le voir car ça me faisait du bien mais en même temps je sentais quelque chose de malsain et du coup je ne pouvais plus m’exprimer librement. Mais je pensais encore une fois n’avoir que lui. 

Très peu de temps après j’ai revu mon dentiste pour des soins dentaires et je lui ai parlé de nos consultations. Je me souviens de son air surpris et inquiet. Il m’a conseillé de rappeler sa connaissance ( la psychologue que j’avais appelé au début ) pour voir si elle avait pas de disponibilités. 

 

Ce que je fit juste après. Je lui ai parlé de la situation. Heureusement, elle a réussi à me trouver une place deux semaine après. 

J’ai donc annulé mes rendez-vous avec Monsieur Ross. Il aura d’ailleurs essayé via tous les prétextes de me faire revenir et n’arrêtait pas de m’appeler . Une fois il est même venu en bas de chez moi…. 

Et ma nouvelle psychologue m’aura même conseillé de porter plainte. Je ne l’ai pas fait car j’avais déjà les épaules très lourdes. Je me battais déjà avec/contre moi même. Je ne pouvais pas ouvrir un autre combat en même temps. Je l’ai donc appelé pour lui dire que s’il essayait de me recontacter, si je le revoyait devant chez moi, je porterais plainte. Ca aura été la dernière fois que je lui aurais parlé.  Passons…  La psychologue m’a tendu la main et avec elle j’ai fait un gros travail pendant un peu plus de deux ans. J’ai aussi pris rendez-vous avec une médecin nutritionniste pour travailler sur mon alimentation. 

 

 

Avec leur aide, j’en ai affronté des épreuves. J’avais des carences …. Du coup il me fallait un suivi profond et régulier. Elles ont été mes deux béquilles. 

A côté de ça , j ai pris un coach sportif. Je n’avais pas forcément les moyens mais je voulais me dépenser un minimum ( stress, tension … ) sans me blesser à chaque séance car mon corps était vraiment fragilisé. C’était aussi mon moment rien qu’à moi. 

J’ai aussi eu beaucoup de rendez-vous avec mon dentiste car avec mes dents j’ai eu et j’ai encore des problèmes, et j’ai aussi consulté d’autres professionnels  comme ma gastro-entérologue. 

Plus de deux ans de suivis sont passées. Même si les consultations sont beaucoup plus espacées, je vois encore tout le monde car j’ai trop peur de rechuter et on ne peut effacer les séquelles aussi rapidement. Du moins, c’est mon cas. Mais ma vie a beaucoup changé et ce dans le positif. 

 

Jamais je n’aurais pensé pouvoir re sourire pour des petites choses, manger à ma faim ce qui me fait plaisir… J’ai même rencontré quelqu’un y a quelques semaines. Tout ça pour vous dire qu’il ne faut pas baisser les bras. La maladie veut souvent prendre le dessus mais vous pouvez avancer. Certes, ça demande beaucoup d’efforts. Vous pourrez aussi faire des rencontres malsaines … mais n’oubliez pas qu’il y aura toujours des personnes qui seront là pour vous tendre la main. 

 

 

Après les TCA il y a une toute autre vie. Si j’ai réussi à m’en sortir, vous pouvez aussi le faire. Croyez en vous. 

 

 

 

 

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