Le judo a ouvert la porte à mes TCA

par Céline Casse

 

Salut tout le monde, 

 

Aujourd’hui à la demande de ma soeur qui connait bien le compte stoptca, je témoigne. 

 

Ca fait deux semaines qu’elle me montre des posts que vous avez publié et pense que mon témoignage pourrait vous aider. 

 

Je m’appelle Théo et j’ai 25 ans. 

J’ai fait du judo pendant plus de 13 ans à haut niveau. Le judo c’est une passion. En tant que garçon en plus c’est ce qui me permet de me canaliser. Au début, quand j’étais encore enfant, j’y allais pour la bagarre.  Pour moi c’était le rêve. Se bagarrer avec des garçons de son âge sans qu’on nous engueule.  Pour plusieurs raisons, j’étais un garçon très turbulent. Le judo a vraiment réussi à me canaliser et à me changer. Mon prof de judo était devenu mon 2 ème père et j’avais créé des liens très forts avec les garçons de mon groupe.  On s’entraînait plusieurs fois par semaine et nous étions souvent sur les routes pour les compétitions de judo.  Je voulais tellement rendre fier Philippe ( mon coach ) que je rentrais à fond dans la compet pour gagner.  Pour rentrer dans le vif du sujet, dans les sports de combat il y a une histoire de poids. Pour expliquer facilement, le judo est un sport de combat avec des catégories de poids bien déterminées. La gestion du poids dans le judo est une étape essentielle de la performance et surtout chez les combattants de niveaux nationaux/ internationaux. Le poids du combattant est un vraiment facteur déterminant de la performance. Cette histoire de poids m’aura malheureusement trop collé à la peau.  Dans des délais très brefs, je voulais perdre un nombre de kilogrammes non négligeable pour rentrer dans des catégories de poids en dessous de la mienne.  A la recherche de la performance, je prenais le risque de perdre du poids sans en connaître la bonne démarche et sans conseil ou suivi d’une personne qui a des connaissances dans ce domaine. Je me souviens que les jours avant la compétition je partais courir avec 3-4 couches de vêtements et du film plastique sur le ventre et les cuisses pour fondre.  Je mangeais que des oeufs et des légumes sans matière grasse sans rien…  La veille de la pesée je ne mangeais pratiquement rien. Et juste après les pesées, je me gavais de différents aliments gras/sucrés… pour me redonner de l’énergie.  J’étais beaucoup dans le mental. Tout était mentalisé. J’étais dans le contrôle à fond. 

 

Je n’écoutais pas mes besoins et mes envies. Je me gavais de compléments, poudres en tout genre …  Je sentais que parfois que voulais partir en sucette avec mon alimentation. Je pensais qu’à ça, qu’a mon poids …. Apres les compet je pouvais manger deux gros gateaux que ma mère me préparait sans problème … Enfin j’étais dans le tout ou le rien. Mais j’avais les abdos saillants, je gagnais mes compétitions, j’étais populaire, j’avais l’impression de tout contrôler et j’impressionnais les filles. Honnêtement je sais que ca fait un peu le cliché de l’homme qui est très tourné sur lui et je dois admettre qu’a l’époque c’était le cas. 

 

Et y a 10 ans, ma grand mère est morte. J’étais très très proche de ma grand mère. On se comprenait. Avec elle c’était simple. Et là tout mon monde c’est écroulé. Je donnais l’illusion d’être un jeune homme fort mais là c’était trop pour moi. J’ai perdu l’appétit mais vraiment beaucoup d’appétit. Je passais mon temps libre à la musculation, sur un tatami, en forêt ….Je faisais tout pour me changer les idées sauf manger. Et je voyais que je gagnais toujours mes compet et que mes performances étaient limites meilleures.Sauf que ca n’a pas pu tenir des années et des années. J’étais vraiment trop carencé et en pleine competition, je me suis pété le genou.Plus de compet, plus de vie, plus rien. Je l’ai vraiment très mal vécu et du coup de suis tombé dans une dépression. Et ensuite j’ai commencé à faire de l’hyperphagie ( c’est ma soeur qui m’a dit que ca s’appelait comme ca).

 

Aujourd’hui je vais mieux.

 

Je suis prof de judo. J’encadre les jeunes.Je fais ce job car le judo représente toute ma vie même s’il m’a aussi plongé dans les TCA et a aggravé la situation.

 

J’essaie d’encadrer les jeunes de manière à ce qu’ils soient compet et qu’ils aient la performance en tête mais aussi je leur parle de confiance, d’estime, d’alimentation et de poids. Mes potes me charrient quand je leur dit ca. Et pourtant je trouve que c’est important d’inculquer aussi des bases saines pour qu’ils soient bien dans leur tête.

 

Quand on est un homme, on aime bien être un peu bourrin, on aime bien faire les malins, on est fort devant les potes, on veut être fort …

Et la société entretient ça.

 

Dans mon cours, on parle entre mecs  ! Les garçons sont à l’aise et on parle de tout et de n’importe quoi.

 

Quand je sais/sens qu’ils mettent leur santé au second plan je les rappelle à l’ordre et je prends aussi le temps de parler aux parents.
Sur le tatami on se concentre sur l’aspect physique de la personne : taille, corpulence, poids …. Mais on ne voit pas ce qui se passe derrière ce corps. Tant que la personne est compétitrice, ca va. Pourtant l’aspect psychologique est à prendre en compte pour le développement des jeunes.

 

Bref, à mon petit niveau j’essaie de faire le grand frère.

 

 

Merci de m’avoir lu.

 

 

Théo

 

 

 

En parlant de sport, voici le témoignage de Karine – 22 ans qui nous parle de danse classique et d’anorexie ( cliquez sur le lien )

 

 

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